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Les guerres de religion dans le Val de Saire : la Ligue (2)

Publié le par Ph L


Les guerres de religion : la Ligue


Exaspérés de voir les rois osciller entre les partis catholique et protestant, et furieux d’une paix conclue en mai 1576 à l’opposé de leurs  intérêts, les catholiques se regroupent à  l’instigation du duc de Guise, sous le nom de « Sainte Union » ou de « Ligue ». Son but apparent était de défendre la religion catholique contre les Calvinistes, mais en réalité elle visait à renverser Henri III pour placer les Guise sur le trône.

Guise sera assassiné par ordre du roi (23 décembre 1588), lequel  à son tour, sera tué par le dominicain Jacques Clément le 1er août  1589.


En janvier  1587, 99 navires arrivent à la Hougue, mais repartent sans avoir attaqué.


Surviennent la mort du duc de Guise assassiné le 23 décembre 1588 et celle 15 jours après, le 5 janvier 1589,  de Catherine de Médicis, puis celle du roi la même année le 1er août. Alors l’anarchie et la violence reprennent partout à la fois et chez nous particulièrement, dans l’Avranchin et le Val de Saire.

Tourps-ans-010 Le manoir du Tourps date du XVIIIème siècle C'est alors qu'apparaît en scène le célèbre ligueur François de la Cour, sieur du Tourps à Anneville en saire. Déjà en septembre 1585, sa maison avait subi un premier assaut, après quoi il s'était fortifié si puissament qu'il allait devenir un personnage de premier plan.

 

La préparation défensive de Cherbourg n’était pas vaine, car, dans le courant de mai 1589, le sieur du Tourps fait route avec une bande sur cette place ; mais il est repoussé au village de la Belle-Croix à Equeurdreville, par les troupes royales que commande le sieur de canisy ? Du Tourps s’empare alors de la tour de Barfleur, dont il restera maître jusqu’en février 1590, non sans mal, car, le 28 novembre 1589, des combats ont lieu, à Barfleur, près de l’église dans laquelle se réfugie un soldat blessé qui y perd beaucoup de sang. Ce fait et les dégâts firent considérer l’église comme profanée et les offices, pendant dix ans, furent célébrés chez les Augustins voisins
.

Le 12 janvier 1590, le sieur du Tourps fait un engagement sans résultat à Saint-Germain-de-Varreville. Huit jours après, il livre un combat acharné dans le cimetière d’Emondeville où il est fait prisonnier avec 150 hommes de Réville, dont la rançon (de 80 à 100 écus chacun) ruine cette paroisse. Dix huit combattants tués furent ramenés à Réville et enterrés dans la chapelle des cloches de l’église.

Fatiguées de la guerre et menacées de nouveau par le seigneur de Canisy, les populations de 30 paroisses du Val de Saire, offrent leur soumission au Roi dans les mains de Monsieur de la Chaux, délégué par le seigneur de Canisy.

Une conférence a lieu à Théville, le 26 février 1590, où la soumission desdites paroisses est acceptée moyennant le dépôt des armes, le paiement de la taille de l’année passée, un impôt de guerre et l’envoi de deux otages de qualité, par paroisse, à Cherbourg.

  L'église de Barfleur, telle que nous la connaissons a été reconstruite, suite aux guerres de religion.
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Le meurtre du roi Henri III, le 1er août 1589, donnait la couronne au roi de Navarre, le Protestant Henri de Bourbon. Ce fut le déclenchement de la fureur chez les ligueurs.

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Le Manoir à Montfarville, construit sur l'emplacement de l'ancien château

 


L'église de Teurthéville a servi de refuge

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le pigeonnier à Barfleur, a-t-il été le témoin des nombreux combats ?
 

Le comte de Canisy, continue ses activités et marche sur les bandes du Val de Saire où il impose toutes les paroisses pour recueillir  les 10 000 livres de contributions exigées par le roi le 10 août 1590.

Par lettre du 5 octobre1590, le duc de Montpensier, gouverneur de la Normandie et comte de Mortain, demande au sieur de la Chaux de s’unir au seigneur d’Agneaux, Jean de Sainte Marie et à celui de Réville, Christophe des Isles, dit « La Haye-Réville », pour anéantir la forteresse du Tourps.

François de la Cour, seigneur de cette forteresse, prisonnier à Emondeville le 20 février et amené à Saint-Lô, avait en effet réussi à s’évader et à regrouper ses fidèles. Il essaie de remplacer de Vicques à la tête des Ligueurs du Cotentin et embauche plus de 500 ouvriers pour fortifier son manoir à Anneville en Saire et en faire une bastille. Les Royaux l’assiègent en vain du 9 au 11 octobre. Jean de sainte marie renouvelle inutilement le siège le 15 février 1591, malgré une canonnade très serrée de 180 coups.

Furieux de ces attaques le sieur du Tourps rêve de prendre Cherbourg pendant la procession des Rameau, le 4 avril 1591. En passant il attaque avec 600 hommes, à Gonneville le château d’un sieur Le Noir de l’Epinay ; il l’incendie et fait pendre un vaillant lieutenant nommé Baudribaud dans un champ voisin qui porte encore son nom.

Alors que la troupe du Tourps bivouaque en forêt de Brix, au bois de Sauxmarais, sur Tourlaville, une vieille femme, dite « La Besboue », qui fagotait du vieux bois, surprend la conversation de deux soldats et, simulant la surdité, réussit à gagner Cherbourg où elle alerte la garnison ;

Le lendemain du Tourps et les siens sont repoussés si vigoureusement par le sieur de la Chaux, jusqu’à Théville, que 600 morts restent sur le terrain.

 

 

Le 2 juin 1591, l’attaque se porte sur la tour de Barfleur, elle est brûlée avec la moitié de ses occupants ; trois autres sont pendus et les derniers soumis à grande rançon. Matignon y est vainqueur, mais l’église est anéantie : elle ne sera rebâtie qu’en 1599.

Le 11 juin, la redoute du Tourps est maîtrisée après 15 jours de siège : elle a été criblée de plus de 600 coups de canon.

Le 13 juin le siège de Valognes est terminé.

Le 9 juillet, Du Tourps qui a encore réussi à fuir prend sa revanche en brûlant le château de Réville, puis ceux de Saint Pierre Eglise, Rauville, Carnetot, Le Mesnil et Montfarville. Celui des seigneurs de Teurthéville-Bocage est démantelé le 1er octobre, laissant sur le terrain de nombreux partisans du Roi.

Des ruines de ce château de Teurthéville, dont il reste le maître après un siège de huit mois, au soir du 15 février 1592, le sieur du Tourps se fabrique une barricade d’où il continue à nargeuer les Royaux. Il défait les compagnies du comte de Canisy qui allaient au siège de Réville à la fin de février. Il fait une charge sur le bourg de Saint Pierre Eglise où il bat nombre d’hommes du capitaine La Chaussée et au Vicel ceux de Thorigny. Il se croit vainqueur mais quelques jours plus tard il est attaqué. Du Tourps mène le combat jusqu’à Saussemesnil les 4 et 12 avril, mais sans résultat : les royaux reviennent dans leurs tourelles et les Ligueurs dans l’église de Teurthéville-Bocage qu’ils ont aménagée en abri.

Le 18 les rencontres se font dans les bois de Fermanville, les châteaux de Fermanville et Gonneville repoussent les attaques de du Tourps.

Le 6 mai 1592, Jean-Jacques de Sainte Marie, gouverneur de Barfleur s’installe au fort enlevé aux ligueurs. Cette place va être fortifiée.

Le château de Teurthéville, qui résiste depuis 10 mois est investi par une troupe de 200 arquebusiers qui en eurent raison en décembre 1592, ayant de nouveau laissé échapper le chef ligueur qui n’avait pas supporté déjà un échec à réville, le 28 mai 1592.

C’est dans la nuit du 22 au 23 décembre1592 que Du Tourps est tué dans une rencontre à La Pernelle. Le corps de du Tourps est ramené à Cherbourg, salé et mis sur la roue. Sa tête est exposée avec celle de quatre autres. Elles y étaient encore en août 1647 lors de la démolition des fortifications.

Mangon du Houguet écrira « il ne reste aucun bled au Val-de-Saire par les dégast des gens de guerre ».

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Village Sainte-Croix à Teurthéville Bocage


chateau-010-dessin1683.jpgLe château de Réville (Dessin de 1683, AD Calvados H 8955)
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La Maison de Teurthéville construite sur l'emplacement de l'ancien château.

A Teurthéville-Bocage un hameau porte le nom qui rappelle une bataille de cette période.

Au lieu-dit "Le Piège", un détachement catholique fut décimé dans un audacieux traquenard. En septembre 1591, les Ligueurs, conduits par le seigneur d'Anneville, François de la Cour du Tourps, vinrent assiéger le château de Teurthéville, qu'ils ne prirent, après six mois de siège, que le 15 février suivant. Les Ligueurs parvenaient souvent à forcer les lignes des assiégeants pour ravager les paroisses voisines. Ce n'est qu'en décembre que le château fut repris par les troupes royales.

 

François II, du Tourps, fils aîné du précédent s’était engagé chez les Ligueurs et avait en vain tenté un coup ;de main sur Cherbourg en 1593.

Malgré un serment de fidélité au roi qui l’avait grâcié le 9 juin 1594, grâce que le Parlement refusa de signer parce qu’il avait paru parmi les Ligueurs au siège de Honfleur, il reprend les armes, et, dans la nuit du 20 au 21 décembre 1594, il surprend la tour de Tatihou. Après trois jours de siège et plus de trois cents coups de canon,, le sieur de Canisy, secondé par Nicolas Castel de Saint Pierre Eglise, le déloge le 18 janvier 1595. François II du Tourps y est tué et traîné dans les rues de valognes et Cherbourg .Ses complices principaux furent jugés à Valognes le 6 mai et condamnés : Jean Le Crest d’Anneville et Guillaume Messent au supplice de la roue ; Pierre Le Prévost d’Urville et Jean Godel de Gouberville à être étranglés et pendus à la roue dressée devant l’auditoire de Valognes ; Rober Godel et Pierre Gouinet  d’Anneville, à être fouettés ayant la corde au cou.

Michel de Raffoville fils du corsaire Gilles Le Marchand, s’attaqua aux châteaux du Val de Saire, en particulier à celui de Réville, il pulvérisa pareillement le château de Nicolas Castel à Saint Pierre Eglise en y mettant le feu, revenait peu à peu, après l’abjuration du Roi Henri IV à Saint Denis le 25 juillet 1593. ainsi que ceux de Rauville Franquetot, La Hougue, Turqueville, Le Mesnil et Montfarville.
En 1597 les forts de barfleur furent démolis, les matériaux serviront en 1630 à rebâtir le choeur de l'église.
Le calme revenait peu à peu, après l'abjuration du roi Henri Iv à Saint Denis le 25 juillet 1593, Il fut sacré à Chartres le 27  février 1594, Reims étant alors occupée par les Ligueurs.

La sécurité dans ces temps et lieux était devenue si douteuse qu’un chevalier de Malte, du nom de Boullet, venant prendre possession de la Commanderie de Valcanville, jugea prudent de se munir d’une lettre du Roi, priant le gouverneur de Barfleur, Jean de Sainte Marie, de le protéger en cas de besoin.

 

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F
<br /> Formidable récit, à la limite du trop riche ! Faire une synthèse ces guerres de religion locale aussi argumentée a dû te demander une somme de travail et de recherche de titan. Là, tu<br /> m'épates vraiment. Florentin.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Cette période méconnue de notre histoire je l'avais découverte voilà quelques années, j'ai retrouvé des annales de la Manche de 1971 qui permet d'y voir un peu plus clair dans cet ensemble bien<br /> compliqué. je pense que tu auras relevé les noms de Matignon( Monaco, Torigni) et Montgomery.<br /> <br /> <br />
H
<br /> Bonsoir !<br /> Après l'effort, .. alors encore une "leçon" d'histoire, chouette !<br /> en plus, comme elle est n'est pas très connue, voire pas du tout , et bien, cela donne un côté jeu de piste à la lecture ...<br /> <br /> Je vais relire à tête reposée !<br /> <br /> Ce serait marrant de fabriquer un jeu de société éducatif sur la base des vieilles demeures, des histoires extraites de l'espace temps, sur le cotentin. Vous sauriez faire ça, vous PHIL !<br /> j'en suis certaine !<br /> bye!<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Merci pour ces bonnez infos§<br /> Bon après-midi<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Belle lecon d'histoire de la region.....que helas (et honte !) j'ignorais absolument !<br /> Bon mardi Philippe !<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Rassure toi très peu de personnes soupçonnent l'importance de cette épisode dans notre région. De plus c'est fort compliqué, j'ai donc fait cet essai de relater cette période pour de mon côté<br /> esayer d'y voir plus clair.  Puisque tu es mMontfarvillaise que ssais-tu du château (lieu dit le Cstel).<br /> <br /> <br />