Costumes traditionnels dans le Val de Saire et Cotentin
Costumes traditionnels
Je reviens sur les coiffes et les costumes. J'emprunte le texte à Charles LEPELEY (1889-1970), dans son livre (Editions Notre-Dame) publié en 1957 et intitulé "Valcanville" où il fut prêtre à partir de 1927. J'associe cartes postales et images actuelles pour tenter de préciser les explications du texte fruit d'une longue observation et partage de vie dans la paroisse.
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Le dimanche pour assister aux offices, les hommes de chez nous prenaient, les plus fortunés une grande blouse en toile de fil, les autres de condition plus modeste une petite blouse de coutil rayé ? Les jours de fêtes carillonnées, en particulier pour faire leurs pâques, ils endossaient un complet de droguet. Seuls les riches, pour leurs noces, les jours de la Première Communion et du mariage de leurs enfants, et pour certaines cérémonies funèbres, revêtaient la rédingote qu’accompagnait fort bien le chapeau « haut de forme ».
Dans les mêmes circonstances solennelles les femmes portaient une magnifique coiffe de dentelle, haute d’au moins quarante centimètres, montée sur une armature de fil de fer, une basque et un jupon de droguet vert ou marron, un châle et un tablier de soie « gorge de pigeon », une croix d’or attachée à un ruban de velours. Les sociétés folkloriques s’efforcent de remettre en honneur ces riches costumes, mais il y a souvent quelque chose d’apprêté, de convenu, de guindé qui n’existait pas autrefois. Une coiffe beaucoup plus simple était de service les dimanches ordinaires ; certaines vieilles femmes la portaient même tous les jours.
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Quand les coiffes eurent disparu, elles furent remplacées par les bonnets montés, qui étaient également de deux sortes, les premiers pour les fêtes, les seconds pour les simples dimanches. Les beaux, vraisemblablement splendides, avaient par devant une triple rangée de tuyaux, un fond de dentelle de fil avec des bouquets de fleurs et de larges rubans de moire noués sous la gorge. Qu’elle avait grand air la « brun » à côté du « bruman » le dimanche qui suivait leur mariage ! Il y a vingt ans environ, quelques unes de nos Valcanvillaises, qui avaient gardé les atours de leurs aïeules, montaient la côte de Grâce, le jour anniversaire du couronnement de la Madone ; que de fois elles entendirent cette réflexion religieuse : « oh ! les beaux bonnets ! », et comme elles parlaient patois on se demandait de quelle pays elles pouvaient venir … jusqu’à Honfleur.
Les bonnets simples, de même forme, ne comportaient point de fleurs, mais seulement la triple rangée de tuyaux avec petits rubans, des entre-deux de dentelle ou de broderie et, sous la gorge, un ruban de faille. |
Coiffes de barfleur Lorsqu’un deuil venait les frapper, les dames prenaient un bonnet plat avec trois bandes de crêpe sur le fond et une autre, plissée, par devant ; un voile de grenadine, posé sur ce bonnet, recouvrait le visage. Aussitôt le grand deuil fini, elles mettaient un bonnet monté en mousseline blanche garnie de noir ; les rubans, « les gorgères », c’est ainsi qu’on les appelait, restaient noirs. Dans un temps plus reculé, les vieilles femmes qui, elles avaient toujours un bonnet plat – le dimanche en mousseline et tous les jours en piquet blanc – endossaient, quand elles se trouvaient en deuil, une plisse (ou mantelet) comme celle que portait Jeanne Jugan et qui est devenue le costume religieux des Petites Sœurs des Pauvres. Un peu plus tard, elles remplacèrent la plisse par un grand châle en mérinos, mirent des rubans noirs à leur bonnet plat qu’elles couvrirent d’un voile de grenadine. |
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Le beau bonnet était accompagné d’une basque et d’un jupon en ottoman ; le simple d’une basque et d’un jupon en lainage ordinaire ; le plat d’un paletot rond en étoffe de laine et d’un jupon de droguet noir. Tous les jupons descendaient jusqu’aux chevilles ; aussi, lorsque plus tard ce fut la mode pour les dames de s’habiller court, que c’était drôle de voir l’une d’elles avec jupon s’arrêtant aux genoux et … bonnet monté. !
Un jupon |
Oh ! certes, dans ces temps qui nous paraissent maintenant d’un autre âge, personne n’avait le souci de la ligne. Les femmes portaient une « crinoline », sorte de cerceau destiné à maintenir raide et bien rond leur gros jupon de droguet, et elles n’hésitèrent pas à se mettre un petit coussin, en arrière, au-dessus des hanches ; on l’appelait une tournure. |
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Merci à Margareth, qui m'a envoyé la photo (1865) de ses aïeules, habitantes de la région de Montebourg. |