Eléments de toponymie valcanvillaise
Première partie : traces scandinaves
1) Formations en -ville
On trouve tout d’abord trois termes en – ville, formations très répandues dans le Cotentin, datant de la fin du 1er millénaire. Ville vient du mot latin
« villa » (domaine).
Valcanville
Valecanvilla (sans date - XIIème siècle) 1
Walecanvilla (vers 1213) 2
Walequanville (1231) 3
Walecanville (1307) 4
Wallequanville (1474) 5
Le premier élément de ce nom en –ville est un nom de personne, de sens incertain, jadis attesté dans le Cotentin. Ainsi Robertus Wallecan 1232 6 le chemin Vallecan à Anneville en Saire 1370 7. Valcanville
signifie « le domaine de Walcan ».
Le patronyme Wallecan est encore attesté de nos jours çà et là en
France et en Belgique. 8
Tronville
Tronville (1189) 3

La première partie de ce mot est également un nom de personne scandinave (Trondr), que l’on retrouve dans la ville de Trondheim, en Norvège. Tronville est donc « le domaine de
Trondr ».
Doncanville
Duncanville (XIIème siècle) 9
Formation à partir d’un anthroponyme anglo-scandinave « Duncan », qui fut le nom de deux rois d’Ecosse au 11ème siècle 10. Doncanville se traduit par « domaine de Duncan ».
On peut déduire de ce qui précède qu’à la fin du premier millénaire, trois villages existaient sur le territoire actuel de la commune, un étant un site d’oppidum 11 (Tronville) et deux des sites de pont sur la Saire (village de l’église et rue
Doncanville).
2) Autres termes vikings
Un pont ancien à la Haule
La Haule (ou la Haulle)
Provient de hallr (pente, déclivité). A cet endroit, la pente qui
descend de Pépinvast est assez marquée, bien plus qu’au niveau du village de l’église.
Les Londes
Ce nom n’est pas à confondre avec Lande, d’origine celtique. Londe
provient du terme scandinave « lundr », signifiant forêt, bois.
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Chasse des Heugues
Ce toponyme est issu du terme « haugr » désignant une
hauteur, que l’on retrouve dans toute l’Europe du nord-ouest (Copenhague, La Hague, St Vaast la Hougue, La Haye – DenHaag en néerlandais). C’est effectivement un des points les plus hauts
de la commune
3) Significations non assurées
La Saire au lieu dit le Houx
Le Houx
Deux hypothèses sont envisageables
* Holm (îlot), ayant évolué en « Hou » en Normandie et que
l’on retrouve dans Quettehou ou Stockholm. Ce pourrait être une île entre deux bras de la Saire.
* Holt (petit bois), mais ce terme est très rare.
Fontaine saint Firmin à
Yvedale
Yvedale
La deuxième partie du mot vient
de l’étymon « dalr » signifiant vallée (cf l’allemand Tal)
La première partie est plus
incertaine. Il peut s’agir :
* de « iwe » eau, d’où
« la vallée de l’eau » – comprendre la source
* d’un nom de personne
« Ivarr », d’où « la vallée d’Ivarr »
Un ancien lavoir à Yvedale
Etienne Caude
Trois
hypothèses peuvent être avancées
1) Un
anthroponyme moderne, mais le nom de famille Caude est inconnu dans le Val de Saire.
2) une
formation scandinave dont la deuxième partie pourrait correspondre au terme « kaldr » (froid – cf l’allemand kalt), mais dans une langue germanique, l’adjectif se trouve en
première position.
3) une
formation latine dont la deuxième partie viendrait de « calidus » (chaud)
Seule une forme
ancienne de ce nom de lieu pourrait éclairer l’origine du toponyme.
Texte
Pierre-Yves JOLIVET pour le bulletin municipal de Valcanville
notes
1 Cartulaire de Montebourg,
folio 112
2 Archives nationales
manuscrit 894, I, 37
3 Notes Hulmel (archives
départementales de la Manche – série J)
4 Notes
Delisle
5 Archives nationales S
5028
6 Anciennes archives de la
Manche H 3436
7 Anciennes archives de la
Manche H 2331
8 (Les noms de communes et
anciennes paroisses de la Manche François de
Beaurepaire 1986, p. 228)
9 Cartulaire de
Montebourg
10 Cf « Macbeth » de William
Shakespeare
11 Habitat sur une hauteur, souvent
fortifié
Bibliographie : « Les vikings et la Normandie » aux éditions Ouest France.
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